LES FRACTURES DU GENOU
Professeur Philippe MASSIN. Service de Traumatologie
GENERALITES
- Le genou
est l'articulation intermédiaire du membre inférieur.
Les trois
centres articulaires: hanche, genou, cheville, sont alignés sur une même
droite qui est l'axe mécanique du membre inférieur. Cette articulation doit
concilier deux impératifs contradictoires : posséder une grande stabilité et
une grande mobilité.
- Les
fractures du genou sont habituellement secondaires à un traumatisme violent, ce
qui explique
- la fréquence des lésions cutanées et la
possibilité d'ouverture, réalisant alors
une fracture
ouverte articulaire exposant aux risques d'arthrite.
- la fréquence des lésions traumatiques à distance.
Leur gravité
tient aux risques :
- de raideur
du genou par adhérence intra-articulaire et musculaire,
- de lésions
associées locales : vasculaire, nerveuse et ligamentaire.
- de cal
vicieux entraînant une incongruence articulaire et/ou un défaut d'axe du membre
inférieur exposant aux risques d’arthrose fémoro-patellaire et surtout
fémoro-tibiale.
LES FRACTURES DE L'EXTREMITE SUPERIEURE DU TIBIA.
La gravité
des fractures de l'extrémité supérieure du tibia est liée aux risques :
- de
raideur du genou,
- de lésions associées:
ligamentaires surtout,
- de
cal vicieux entraînant une incongruence articulaire et/ou un défaut d'axe du
membre inférieur exposant aux risques d'arthrose fémoro-patellaire et surtout
fémoro-tibiale.
Le
diagnostic radiologique est souvent difficile.
Mécanisme
Il peut
s'agir :
- d'un
choc vertical,
- d'un
mouvement de varus ou de valgus forcé souvent associé à une rotation de la
jambe expliquant la possibilité de lésions ligamentaires associées.
Anatomie pathologique
On
distingue en fonction :
- du
type de fracture :
. la
fracture-tassement pure: la surface cartilagineuse du plateau tibial
s'enfonce
dans l'os spongieux sous-jacent.
. la
fracture-séparation pure: le fragment se déplace latéralement mais le cartilage
articulaire ne subit aucun enfoncement.
. la
fracture mixte qui associe tassement cartilagineux et séparation
- du
siège :
. fracture
de la tubérosité tibiale externe ou glénoïdienne externe ou du plateau tibial
externe.
. fracture
de la tubérosité tibiale interne ou glénoïdienne interne, ou du plateau tibial
interne.
. fracture
bi-tubérositaire.
. fracture
spino-tubérositaire : le fragment emporte la tubérosité et le massif des
épines
Les lésions
associées sont fréquentes :
- ligaments
latéraux du genou, ligaments croisés,
- menisque,
surtout désinsertion.
- fracture
de la tête du péroné, surtout dans les fractures de la tubérosité tibiale
externe et les fractures bi-tubérositaires complexes, expliquant le risque de
lésion du sciatique poplité externe.
Clinique
Le
diagnostic, est évoqué devant un gros genou traumatique douloureux avec
déviation de la jambe. Il est évoqué systématiquement devant la constatation
d’une hémarthrose en particulier chez le sujet âgé
Le
diagnostic repose sur l'examen radiologique. Certaines fractures sont
difficiles à reconnaître ou à analyser. L'examen radiographique doit être
rigoureux :
- clichés
de face, de profil, de ¾ (+++),
-
tomographies.
Le bilan
local doit toujours rechercher une lésion vasculo-nerveuse associée, en
particulier du nerf sciatique poplité externe.
Traitement
.Orthopédique
:
-
immobilisation plâtrée pour les fractures-séparation pures sans déplacement.
-
mobilisation immédiate et traction-mobilisation du genou dans les
contre-indications du traitement chirurgical.
.Chirurgical
:
-ostéosynthèse
par vis et/ou plaque.
-après
ostéosynthèse, l'étude per-opératoire de la stabilité du genou doit être
systématique pour reconnaître les lésions ligamentaires associées.
La
consolidation demande 3 mois environ et 2 mois de rééducation.
Les
complications tardives sont. dominées par le risque :
- d'instabilité par lésions
ligamentaires méconnues,
- de
raideur du genou,
- de
cal vicieux : décalage articulaire et défaut d'axe du membre inférieur exposant
à l'arthrose fémoro-tibiale surtout.
FRACTURES DE L’EXTREMITE INFERIEURE DU FEMUR
La gravité
des fractures de l'extrémité inférieure du fémur est liée aux risques :
-
de raideur du genou,
-
de lésions associées: vasculaire, nerveuse,
- de cal vicieux entraînant une incongruence articulaire et/ou un défaut
d'axe du membre inférieur exposant aux risques d'arthrose fémoro-patellaire
et fémoro-tibiale.
Mécanisme
Il s'agit le
plus souvent d'un choc indirect.
Le traumatisme responsable est violent, d'où
la fréquence de la comminution de la fracture et des lésions associées à
distance.
Anatomie Pathologique
On distingue
:
- les
fractures supra-condyliennes extra-articulaires
Le fragment supérieur diaphysaire se déplace en
avant et en dedans et peut
embrocher le cul de sac sous-quadricipital
constituant une lésion
intra-articulaire.
Le fragment
inférieur, attiré par les jumeaux, bascule en arrière menaçant le paquet
vasculo-nerveux poplité.
- les fractures
sus et inter-condyliennes articulaires .
o
Le trait de fracture est composé
:
§
d'un trait transversal supra-condylien
§
d'un trait vertical inter-condylien.
- les fractures uni-condyliennes sont les
moins fréquentes des fractures de l'extrémité inférieure du fémur.
Cliniquement :
Le diagnostic est
évoqué devant
- l'impotence
fonctionnelle
- un
gros genou traumatique douloureux avec hémarthrose
- la
saillie en avant du fragment supérieur menaçant la peau.
La proximité du
paquet vasculo-nerveux et le déplacement de la fracture expliquent les
complications immédiates locales :
-
lésion vasculaire: artère fémorale ou poplitée. Il faut palper les
pouls distaux :
tibial postérieur et pédieux.
-
lésion nerveuse: nerf sciatique et ses branches de division. Il faut
étudier la
sensibilité et la mobilité des orteils et
du pied.
-
lésion cutanée et possibilité d'une ouverture cutanée réalisant alors
une
fracture ouverte articulaire exposant à
l'arthrite du genou.
La violence du
traumatisme causal explique les complications immédiates générales:
- état de choc,
-
lésion associée à distance.
Traitement :
- orthopédique par traction continue:
expose au cal vicieux et à la raideur du genou.
- chirurgical: réduction et contention
par clou-plaque ou vis-plaque.
La consolidation
demande 3 mois au minimum, la
rééducation environ 2 mois.
Les complications
tardives sont dominées par le risque :
- de raideur du
genou,
- de cal vicieux,
- des défauts
d'axe plus ou moins associés à l'origine d'arthrose fémoro-patellaire et
surtout fémoro-tibiale.
LES FRACTURES DE ROTULE
La gravité des
fractures. de rotule est liée aux risques
- de raideur du
genou,
- et surtout
d'arthrose fémoro-patellaire.
Anatomie :
- os superficiel
de l'appareil extenseur du genou.
- la face
postérieure de la rotule est divisée en deux parties
. supérieure
(3/4 supérieurs) articulaire avec la trochlée fémorale.
. inférieure
non articulaire.
Mécanisme :
Il peut s'agir :
- d'un choc
indirect,
- d’un choc direct le plus souvent sur
genou fléchi (traumatisme du tableau de bord par exemple), ce qui explique :
. la fréquence des lésions cutanées et la
possibilité d'ouverture cutanée,
réalisant alors une fracture ouverte articulaire
exposant à l'arthrite du genou.
. la fréquence des lésions traumatiques associées à
distance et surtout de la
hanche: luxation postérieure de hanche et fracture
de la paroi postérieure du cotyle. Il faut demander systématiquement un
cliché du bassin.
Anatomie pathologique :
On distingue :
- les fractures
extra-articulaires
. fractures
de la pointe de la rotule.
- les fractures
articulaires
. simple:
fracture transversale le plus souvent. Le fragment supérieur est attiré vers le haut par le quadriceps.
.
comminutive, réalisant au maximum un éclatement.
Même dans les
fractures les plus simples, le cartilage articulaire peut être le siège de
lésions :
. trait de
refend,
. zone
tassée et fissurée à l'origine d'arthrose fémoro-patellaire
Cliniquement
Le diagnostic est
suggéré devant un gros genou traumatique douloureux avec :
- une
impossibilité à l'extension active,
- et à la
palpation, la perception des deux fragments séparés par une dépression transversale.
Traitement
- Orthopédique
par immobilisation plâtrée pour les fractures non déplacées.
- Chirurgical
-
ostéosynthèse pour les fractures déplacées,
-
patellectomie pour les fractures comminutives dépassant les
possibilités d'ostéosynthèse.
La
consolidation demande un mois 1/2 suivie d'une rééducation d'environ un mois.
Les
complications sont dominées par le risque :
- de raideur
du genou,
- et surtout
d'arthrose fémoro-patellaire si la reconstitution de la face articulaire de la
rotule est imparfaite ou s'il existait des lésions du cartilage.
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