GENERALITES SUR LES FRACTURES DES
MEMBRES
Professeur
Philippe MASSIN
(Service de
Traumatologie, CHU Angers )
1.
DEFINITION
Une fracture
interrompt la continuité d'un segment du squelette
2. ETIOLOGIE
2 .1 ) CAUSES DE LA FRACTURE
a) mécanisme
direct
L'os est rompu
au niveau de l'impact. Le traumatisme atteint d'abord les parties molles
périphériques (en particulier le revêtement cutané) dont les lésions peuvent
être graves (surtout lors de l'écrasement).
b) mécanisme
indirect
L'os cède à
distance du point d'application du traumatisme qui exerce selon les cas une
compression, une flexion, une torsion osseuse; (exemple: fracture du coude
après une chute sur le poignet; fracture de la jambe, le pied étant bloqué au
sol alors que le membre inférieur se tord sur son axe). Dans ces conditions,
les lésions des parties molles sont moins importantes.
2 .2 ) CIRCONSTANCES ETIOLOGIQUES
Les
circonstances de l'accident sont variables :
-
accidents
de la route ( polytraumatisme ).
-
accidents
du travail (parfois, chute d'un lieu élevé, écrasement, etc…)
-
pratique
sportive
-
chutes
banales lors de la déambulation (surtout chez les personnes âgées).
Le terrain comporte une
incidence particulière: chez l'enfant, le pronostic est généralement bon; la
consolidation est plus rapide, mais il ne faut pas méconnaître la possibilité
de troubles ostéogéniques à l'origine de désaxations ou d'inégalité de
longueur, notamment au membre inférieur.
Chez le vieillard, la
fracture comporte un risque vital si elle entraîne un alitement prolongé qu'il
tolère mal (gravité des fractures du col du fémur fréquentes à cet âge) .
3.
ETUDE ANATOMIQUE
Une fracture
est définie
- par son
siège,
- par les
traits de fracture,
- le nombre
des fragments et leur déplacement.
3 .1) SIEGE DE LA FRACTURE
C'est d'abord
son identité, par exemple: fracture de la clavicule, fracture du fémur etc. ..
et plus précisément, sa localisation au niveau de l'os concerné :
- fracture
diaphysaire (par exemple au tiers moyen ou au tiers inférieur…)
- fracture métaphysaire
ou épiphysaire et, dans ce cas la fracture peut être articulaire ou
extra-articulaire.
- fracture
apophysaire.
3.2)
LE TRAIT DE FRACTURE
Il est
rarement incomplet n'atteignant qu'une seule corticale (par exemple, fracture
en bois vert de l'enfant : une corticale est rompue, l'autre est simplement
infléchie).
Il est le plus
souvent complet, atteignant les deux corticales et séparant les fragments.
1) Fracture
simple : fracture bi-fragmentaire
Le trait est
unique et sépare les deux fragments, l'un proximal, l'autre distal.
Il peut être
transversal, horizontal, rarement net; il dessine souvent des crénelures qui
peuvent s'engrener et stabiliser le foyer de fracture (fracture stable).
Il peut être
oblique ou spiroide : la surface de contact entre les deux fragments séparés
est plus grande mais ils peuvent plus facilement glisser l'un sur l'autre
(fracture instable)
2) Fracture complexe pluri-fragmentaire
Elle est définie par
plusieurs traits de fracture.
. fracture
tri-fragmentaire (exemple classique: fracture tibiale avec 3ème petit
fragment en "aile de papillon").
. fracture
à double étage: les deux traits supérieurs et inférieurs isolent entre eux
un fragment intermédiaire dont la vascularisation est souvent insuffisante.
. fracture
plurifragmentaire vraie à 4 ou 5 fragments ou plus (fracture comminutive)
Les fragments sont très nombreux et de petite taille, la reconstitution
chirurgicale du puzzle osseux est impossible.
3.3) LE DELACEMENT
DES FRAGMENTS
Les fractures sans déplacement sont rares (un cas particulier à
l'enfant: la fracture sous-périostée. L'os est complètement rompu mais le
fourreau périostique reste intact et empêche un déplacement important).
a) DEPLACEMENT
DES FRACTURES DIAPHYSAIRES
- angulation
dans le plan frontal (valgus, varus) ou sagittal (recurvatum, flexum) .
- translation
dans le plan frontal (interne, externe) ou sagittal (antérieure, postérieure).
-
chevauchement: ascension d'un fragment par rapport à l'autre (ce qui signifie
raccourcissement).
- décalage:
rotation selon l'axe longitudinal de l'os. Le fragment inférieur se place en
rotation externe ou interne par rapport au fragment supérieur entraînant une
rotation dans le même sens du segment de membre en aval.
Ces différents
types de déplacements sont élémentaires; ils peuvent s'associer pour créer des
déplacements plus complexes.
b) DEPLACEMENT
DES FRACTURES ARTICULAIRES
- tassement du
tissu osseux (et affaissement d'une surface articulaire correspondante).
- séparation
d'une partie de l'épiphyse articulaire par un trait vertical ou oblique.
Ces deux types
de déplacements "élémentaires" peuvent être isolés ou associés. Dans
un cas comme dans l'autre, ils modifient le profil articulaire.
4. SIGNES DES
FRACTURES DES MEMBRES
4.1 ) SIGNES FONCTIONNELS
La douleur est
constante depuis le traumatisme; elle est réveillée par la mobilisation du
membre.
L'impotence
fonctionnelle est plus ou moins complète selon les cas.
4.2 ) SIGNES PHYSIQUES
(l'examen est
mené comparativement avec le côté sain)
. La déformation;
l’œdème; les ecchymoses (secondairement)
. La douleur
exquise au niveau du foyer de fracture.
. La mobilité
anormale et douloureuse (crépitation osseuse qu'il ne faut pas rechercher).
. Souvent, le
raccourcissement possible du côté fracturé (par rapport au côté sain).
Un piège diagnostic: la fracture sans
déplacement, engrenée, peu douloureuse et sans déformation peut être méconnue:
elle expose à un déplacement secondaire qui peut lourdement aggraver le
pronostic et compliquer son traitement (par exemple, fracture engrenée du col
fémoral en coxa valga méconnue, se transformant en fracture déplacée en coxa
vara).
4.3 ) LA
RADIOGRAPHIE
Elle confirme
le diagnostic et précise les caractères anatomiques de la fracture. Elle doit
comporter tout le segment de membre intéressé dans 2 plans perpendiculaires
(face et profil).
L'examen
radiographique d'une diaphyse fracturée doit montrer systématiquement les
articulations sus et sous jacentes.
Certaines
fractures nécessitent des incidences spéciales et (ou) des tomographies.
5. COMPLICATIONS DES FRACTURES
On peut les
classer chronologiquement en :
- complications immédiates ou
précoces: elles surviennent le jour même.
-
complications secondaires: elles surviennent dans les jours qui suivent la
fracture.
- complications
tardives: elles surviennent dans les mois voire les années qui suivent la
fracture.
5.1) COMPLICATIONS IMMEDIATES OU PRECOCES
5.1.1)
COMPLICATIONS GENERALES
Le choc traumatique est lié à la violence du traumatisme, à la
douleur, au nombre et à l'importance des lésions associées (polytraumatisés,
fractures multiples, traumatismes viscéraux, thoraciques, abdominaux et
crâniens) et surtout, à la chute volémique de la masse sanguine: choc
hémorragique (certaines localisations fracturaires sont source d'hémorragie
interne grave: fémur, bassin). Le choc traumatique fait la mortalité des
fractures au cours des premières heures; il est essentiel de le dépister en
surveillant régulièrement le pouls, la tension artérielle, la coloration des
téguments et des muqueuses.
5.1.2)
COMPLICATIONS LOCALES
a) Lésions du
revêtement cutané (fractures ouvertes)
Elles
comportent un risque septique d'emblée. Leur gravité dépend du mécanisme de
l'ouverture
- de dedans en
dehors (de la profondeur à la superficie) : la plaie est causée par une
arête osseuse acérée qui fait une brèche de dimension réduite, souvent
punctiforme et à bords nets.
- de dehors en
dedans (de la superficie vers la profondeur). L'altération cutanée est importante,
l'agent vulnérant fait souvent éclater la peau avant de briser l'os et
introduit à l'intérieur de la plaie des corps étrangers septiques.
Leur gravité
dépend aussi de l'étendue de la plaie :
- orifice
punctiforme à bords nets, fracture peu souillée.
- perte de
substance cutanée « exposant »
largement la fracture. La cicatrisation spontanée ne sera pas possible.
- entre ces
deux extrêmes, des lésions intermédiaires, souvent potentielles.
La plaie
initiale était entourée d'une zone dévitalisée plus large: la nécrose cutanée
apparaît secondairement.
Leur gravité
dépend de la chronologie de la plaie et en particuliers du temps écoulé depuis
l'ouverture est un facteur pronostique important: plus la plaie est ancienne,
plus le risque de contamination septique est grand.
b)
Complications vasculaires
Elles sont
propres à certaines localisations: fracture du genou menaçant la poplitée,
fracture du coude menaçant le trépied huméral.
Elles sont
variables dans leur nature: il peut s'agir d'une rupture, d'une déchirure,
d'une compression ou d'un spasme.
Elles
s'extériorisent par des signes simples (abolition du pouls en aval, etc…) et
elles peuvent nécessiter le recours au doppler ou à l'artériographie. Si elles
sont mal reconnues au début, elles peuvent être identifiées tardivement sous
forme d'anévrysme artériel ou artério-veineux.
Elles comportent un
risque majeur: l'ischémie du segment de membre en aval pouvant aller jusqu'à la
gangrène.
c)
Complications nerveuses
Elles sont,
elles aussi, propres à certaines localisations (paralysie radiale compliquant
une fracture du tiers moyen de l'humérus; paralysie de S.P.E. après fracture du
col du péroné).
Elles sont
variables dans leur nature: il peut s'agir d'une section, d'une contusion,
d'une compression ou d'une élongation.
Elles s'extériorisent
par des signes simples (paralysie et anesthésie dans le territoire innervé).
Elles
comportent le risque de paralysie et d'anesthésie, définitivement; leur
pronostic est difficile à fixer d'emblée.
On ne peut se
faire une idée plus précise de l'avenir de ces lésions qu'en suivant
l'évolution cliniquement et par un électromyogramme.
5.2) COMPLICATIONS SECONDAIRES
5.2.1)
COMPLICATIONS GENERALES
-
Décompensation d'une tare organique ou acquise (coma diabétique ou delirium
tremens par exemple).
- Complications
de décubitus fréquentes du vieillard : complications cardio-respiratoires,
infection urinaire, escarres apparaissant aux points d'appui (région sacrée,
fessière, talon...).
- Complications liées à
la stase veineuse et au ralentissement circulatoire dus à l'immobilisation:
thromboses veineuses et embolies pulmonaires.
- Embolies
graisseuses.
- Enfin, les
deux complications infectieuses graves que sont le tétanos et la gangrène
gazeuse.
Ces
complications générales font la mortalité secondaires des fractures.
5.2.2)
COMPLICATIONS LOCALES
- Déplacement
secondaire d'une fracture traitée orthopédiquement (d'où la nécessité d'une
surveillance radiologique régulière).
- Mauvaise
tolérance de l'appareil de contention (escarres sous plâtre au niveau des zones
où s'exerce une compression qui n'est pas reconnue à temps).
- Ouverture
secondaire.
-
Complications septiques : infection d'une fracture ouverte traitée
chirurgicalement.
-
Complications vasculaires.
Oedème
secondaire: gêne à la circulation de retour pouvant parfois retentir sur la
circulation d'apport entraînant ainsi une ischémie artérielle secondaire au
maximum, syndrome de Volkman ou syndrome des loges.
Très souvent,
ces troubles circulatoires induisent l'apparition ultérieure de troubles trophiques
persistants.
5.3) COMPLICATIONS TARDIVES
La
consolidation est l'évolution habituelle d'une fracture. En témoignent: la
disparition, au niveau du foyer de fracture, de la chaleur locale, de toute
mobilité anormale, de toute douleur aux contraintes.
Radiologiquement,
le trait de fracture s'efface progressivement tandis que l'on constate
l'apparition d'un cal unitif (rétablissant la continuité radiologique entre les
deux fragments séparés) et périphérique (traduisant l'ostéogenèse périostique
de reconstruction) surtout pour les fractures traitées orthopédiquement.
5.3.1) LES
TROUBLES DE LA
CONSOLIDATION
a) Cal
exubérant ou hypertrophique
Il est gênant
par son volume :
-englobement
d'un organe noble, nerf par exemple (paralysie radiale secondaire après une
fracture de la diaphyse humérale).
-butoir
juxta-articulaire gênant le mouvement et réduisant l'amplitude articulaire.
Enfin, le cal
exubérant peut être inesthétique (cal claviculaire volumineux par exemple).
b) Cal vicieux
Pérennisant un
déplacement intolérable et peu compatible avec une fonction normale. Le cal
vicieux est une déformation osseuse menaçant le pronostic fonctionnel.
Le cal vicieux
maintient un déplacement préjudiciable et "installe" définitivement :
- une
angulation (en varus, valgus, flexum, recurvatum)
- un décalage
rotationnel (externe, interne)
- un
raccourcissement (et ses conséquences statiques)
Les cals vicieux diaphysaires ne sont
pas tolérables que si la déformation est importante et retentit sur les articulations
contiguës. Ils sont plus menaçants au membre inférieur (troubles statiques et
arthrose) ; ils sont mieux tolérés au membre supérieur.
Les cals
vicieux épiphysaires sont très souvent préjudiciables (mauvaise orientation
des surfaces articulaires ; arthrose secondaire).
c) Retard de
consolidation
On parle de retard de consolidation quand le temps
habituellement nécessaire à la consolidation d'une fracture du même type est
dépassé~ mais quand on espère obtenir la consolidation en prolongeant
l'immobilisation (sans toutefois excéder le double du délai habituel).
d ) La
pseudarthrose
C’est l '
absence de consolidation spontanée de la fracture
Les causes de
la pseudarthrose sont rarement générales (âge, facteurs endocriniens ou
nutritionnels, syphilis, etc...). Elles sont le plus souvent locales: siège de
la fracture, instabilité~ perte de substance osseuse~ ouverture du foyer de
fracture avec ou sans infection, nécrose fragmentaire, délabrement des parties
molles, (ce qui suppose la dévitalisation de l'os) ; elles peuvent être
également liées au traitement (immobilisation imparfaite par exemple).
Les signes
cliniques et radiologiques.
-Impotence fonctionnelle
:
-totale si la pseudarthrose est lâche,
-relative si elle est serrée.
-Douleur aux
contraintes (et à l'appui s'il s'agit d'un membre inférieur).
-A l'examen, augmentation
de la chaleur locale, mobilité anormale (difficile à retrouver en cas
d'ostéosynthèse), persistance du trait de fracture sur les radiographies et
parfois démontage ou rupture de matériel d'ostéosynthèse.
Sur le plan
pronostique :
On oppose les pseudarthroses
avasculaires (absence ou insuffisance de réaction vasculaire avec os inerte) et
les pseudarthroses hyper vasculaires dont l’os "vivant" consolidera
dès la suppression du facteur d'entretien de la pseudarthrose. Mais, surtout,
il faut souligner la particulière gravité des pseudarthroses septiques:
l'infection compromet la consolidation; elle entraîne une nécrose osseuse et
comporte donc une perte de substance potentielle.
5.3.2) OSTEITE POST-TRAUMATIQUE
Elle complique
les fractures ouvertes ou opérées.
Les signes
infectieux sont rarement généreux; ils sont surtout d'ordre local: fistule,
écoulement purulent, et évoluent sur un mode chronique prolongé.
Radiologiquement
: sclérose médullaire, épaississement cortical, apposition périostée, zones
ostéolytiques ou géodiques, nécrose osseuse et séquestration.
5.3.3) LA NECROSE POSTTRAUMATIQUE
Elle est
secondaire à la destruction par le traumatisme du pédicule vasculaire assurant
la vitalité du fragment osseux.
Elle intéresse
plus particulièrement certaines localisations fracturaires (col du fémur;
corps de l'astragale; scaphoïde carpien).
Elle peut
évoluer favorablement : réhabitation possible et prolongée supposant une
immobilisation rigoureuse excluant la
reprise de la fonction.
Elle peut évoluer
défavorablement, modifiant la forme de l'épiphyse, et entraînant une altération
des surfaces articulaires génératrices d'arthrose.
5.4) LES SEQUELLES FONCTIONNELLES INTERESSANT LES PARTIES
MOLLES
Ce sont :
- l’atrophie
musculaire
- la raideur articulaire
- les oedèmes et les séquelles de
phlébite.
6. LES
FRACTURES PATHOLOGIQUES.
Elles constituent une variété
particulière de fracture survenant sur des lésions préexistantes (dues à une
destruction tumorale, à une fragilité métabolique, à certaines affections
comme la syphilis par exemple...).
Elles succèdent généralement à un
traumatisme minime.
7. LE TRAITEMENT DES FRACTURES DES MEMBRES
7.1 BUT DU TRAITEMENT
Assurer la consolidation
en conservant une morphologie normale (longueur et axes), en préservant la
mobilité des articulations contiguës et la capacité musculaire qui les anime,
tout en prévenant l'infection.
7.2 METHODES THERAPEUTIQUES
Il existe deux
grandes catégories de méthodes :
- les méthodes
orthopédiques non sanglantes, sans ouverture du foyer de fracture,
- les méthodes
orthopédiques sanglantes, opératoires, avec ouverture du foyer de fracture.
Pour chacune de ces
deux méthodes, le traitement comporte généralement deux étapes: la réduction,
la contention.
7.2.1) LE
TRAITEMENT ORTHOPEDIQUE NON SANGLANT
Il permet de
traiter les fractures sans ouvrir le foyer.
Il n'expose
pas au risque infectieux mais il comporte une immobilisation qui, lorsqu'elle
est prolongée, peut entraîner des troubles trophiques (raideur articulaire,
amyotrophie, etc...)
a) la
réduction
Elle peut être
obtenue d'emblée par des manœuvres externes et grâce au relâchement musculaire
procuré par l'anesthésie.
Elle procède par
manipulation directe des fragments ou par l'intermédiaire d'un cadre réducteur
ou d'une table orthopédique
Elle peut être
obtenue progressivement par une extension continue qui s'exerce selon des
modalités diverses (bandes adhésives, broche transfixiant l'os à distance du
foyer et solidaire d'un étrier).
b) la
contention
Le plâtre : il immobilise généralement les
articulations sus et sous jacentes ; maintient le membre en position de
fonction, rarement en position de réduction, mais c'est toujours, alors
temporaire et de courte durée.
Il doit être moulé
exactement sur le membre; éviter les pressions excessives sur les saillies
osseuses (risque d'escarre), de compression des éléments nobles, sciatique
poplité externe par exemple.
Le plâtre doit être
surveillé. Il convient de dépister les troubles circulatoires et notamment
l'œdème, qui peuvent signifier que le plâtre est trop serré. La gêne à la
circulation de retour sera prévenue et traitée par la surélévation du membre.
Au besoin, il faut fendre le plâtre; parfois même il faut l'enlever (en un mot
tout faire pour éviter de graves complications comme, par exemple, le syndrome
de Volkmann après immobilisation du coude).
Il faut
également savoir qu'une douleur peut signifier une compression et connaître le
risque d'escarre.
Il faut surveiller la mobilité active
du segment sous-jacent pour dépister une paralysie secondaire à une
compression.
Secondairement,
après quelques jours, il faut s'assurer que le plâtre n'est pas devenu trop
large (fonte de l’œdème). Il immobilise alors mal la fracture, expose au risque
de déplacement secondaire, et doit parfois être refait. Ceci souligne la
nécessité de la radiographie de contrôle qui montre le déplacement.
Il faut
également dépister une infection se développant sous un plâtre (syndrome
infectieux et signes locaux) et savoir qu’une phlébite peut également survenir
sous plâtre (élévation thermique, accélération du pouls, douleur du mollet et à
la dorsiflexion des orteils, etc...).
L'extension
continue: est également un moyen de contention ; le membre est installé selon
les cas, sur un plan dur, sur une attelle ou un cadre de suspension.
L'extension continue de contention doit devenir progressivement plus faible
que l'extension continue de réduction pour ne pas induire d'écart inter-fragmentaire.
7.2.2) LE
TRAITEMENT OPERATOIRE OU ORTHOPEDIQUE SANGLANT
Il permet la réduction
anatomique du foyer de fracture ; il maintient solidement celle-ci jusqu'à la
consolidation en permettant rapidement la reprise de la mobilisation. Mais, l'ouverture
du foyer comporte indéniablement un risque septique et peut, dans certains cas,
retarder la consolidation.
a) La
réduction
Elle est plus
souvent faite "à ciel ouvert" dans des conditions d'asepsie
rigoureuse. Elle est anatomique, évite de dévasculariser les fragments. Elle
est parfois réalisée "à ciel fermé, sur table orthopédique, si le matériel
de contention peut être introduit à distance.
b) la
contention
Le matériel de contention est différent selon
le type anatomique de fracture.
- broches
et cerclage au fil d'acier sont réservés aux fractures apophysaires ou à
certaines fractures épiphysaires (olécrane par exemple) ou aux fractures de la
rotule.
- les vis
sont utilisées pour les fracture épiphysaires, apophysaires, en complément pour
certaines fractures diaphysaires (affrontement des surfaces spiroïdes,
réassemblage de fractures pluri-fragmentaires).
- les
plaques vissées sont réservées aux fractures diaphysaires de même que
- l’enclouage
centro-médullaire, celui-ci peut
d'ailleurs être réalisé à ciel fermé sous contrôle d'amplificateur de
brillance.
-les
clous-plaques ou les plaques coudées sont réservés au traitement des
fractures épiphysaires ou métaphysaires.
- le fixateur
externe, enfin, est
réservé aux fractures ouvertes quand la présence d'un matériel métallique n'est
pas souhaitable au niveau de la plaie. Il comporte des "fiches"
transfixiant l'os au-dessus et au-dessous du foyer de fracture et une ou deux
barres d'union les solidarisant et assurant donc la stabilisation.
- les résections
arthroplastiques sont
réservées à certaines fractures articulaires. Elles sont réalisées dans le but
de restaurer le mouvement le plus rapidement possible. Elles peuvent être
suivies de reconstruction par prothèse. L'exemple le plus fréquent est la
prothèse cervico-céphalique mise en place pour traiter les fractures du col du
fémur du vieillard dans le but de le lever le plus tôt possible.
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